Vous êtes-vous déjà interrogé sur cette question récurrente : « Puisque le processeur ou la carte graphique joue un rôle si crucial dans certaines applications, pourquoi ne pas investir massivement dans l’un d’eux, quitte à économiser sur l’autre ? ».
Cette réflexion semble logique en surface, mais si vous observez les configurations PC recommandées aujourd’hui, vous constaterez qu’elles privilégient toujours l’équilibre entre composants plutôt que la surpuissance d’un seul élément. Cette approche ne vise pas à vous faire dépenser plus, mais bien à éviter un problème majeur : le bottleneck.
Ce phénomène peut sérieusement compromettre les performances de votre machine, particulièrement en gaming. Découvrons ensemble ce que représente le bottleneck CPU et GPU, comment l’identifier et surtout comment l’éliminer.
Comprendre le bottleneck CPU et GPU
Le bottleneck, ou « goulot d’étranglement », représente un dysfonctionnement qui survient lorsque vos composants PC manquent d’harmonie, générant des pertes de performance importantes dans vos applications, notamment les jeux vidéo.

Ce phénomène apparaît notamment quand votre CPU ou GPU n’est pas assez rapide par rapport à l’autre composant, créant ainsi une limitation artificielle de la puissance exploitable par vos logiciels. L’analogie du goulot d’étranglement s’explique par l’exemple souvent utilisé pour décrire ce problème.
Imaginez une bouteille d’eau retournée : l’eau s’écoule lentement à cause du goulot, alors qu’un verre se viderait instantanément. Votre PC fonctionne selon le même principe : la puissance nécessaire à vos tâches existe, mais un composant crée une restriction qui empêche son utilisation optimale.
Dans une configuration équilibrée (représentée par le verre), toute la puissance disponible peut être exploitée simultanément, maximisant ainsi les performances globales.
Les pertes de performance varient énormément selon l’ampleur du décalage entre composants. Elles peuvent être négligeables avec des pièces compatibles, mais devenir catastrophiques si l’écart est important. Certains jeux pourraient ainsi tourner comme sur une machine plusieurs fois moins puissante.
Les principaux concernés restent naturellement le CPU et le GPU, d’où les termes bottleneck CPU et bottleneck GPU. Cependant, d’autres composants peuvent également créer des limitations, comme nous le verrons plus loin.
Identifier un bottleneck CPU et GPU
Face à ce problème potentiellement grave, même si vous ne vous sentez pas concerné, mieux vaut prévenir que subir les conséquences d’un bottleneck non détecté.
Le gaming représente le domaine le plus révélateur pour identifier ce phénomène, car il sollicite intensivement autant la carte graphique que le processeur, contrairement à d’autres applications plus spécialisées.
Naturellement, même sans être un joueur, le bottleneck peut impacter d’autres tâches informatiques.
Calculateur de bottleneck
La première approche consiste à utiliser un outil en ligne avec les références de votre CPU, GPU et la quantité de RAM installée. Le Bottleneck Calculator permet d’estimer le type de bottleneck potentiel et son pourcentage (au-dessus de 10% étant problématique). L’outil tient compte de la résolution d’affichage, paramètre crucial que nous aborderons ultérieurement.
Analyse et mesures concrètes
Cette estimation reste approximative. Pour une évaluation précise, l’idéal serait de disposer de deux écrans, bien qu’un seul puisse suffire.
Windows intègre nativement un outil parfait pour cette analyse : le gestionnaire des tâches. Sous Windows 11, accédez-y via un clic droit sur la barre des tâches.
Activez l’affichage détaillé pour accéder à l’onglet « Performance », révélant les pourcentages d’utilisation de vos composants, incluant processeur et carte graphique.
L’intérêt du double écran devient évident : jeu sur un écran, gestionnaire des tâches sur l’autre. Avec un seul écran, configurez votre jeu en mode fenêtré pour visualiser simultanément le jeu et les statistiques.
Fermez les applications non essentielles, lancez un jeu moyennement exigeant et jouez pendant plusieurs niveaux en observant les courbes d’utilisation CPU et GPU.

Si l’un affiche 100% d’utilisation tandis que l’autre reste significativement plus bas, vous souffrez probablement de bottleneck.
Testez plusieurs jeux similaires pour confirmer la tendance, chaque titre ayant ses propres exigences en ressources.
Pour des mesures encore plus détaillées, les logiciels de benchmarking comme MSI Afterburner ou CapFrameX affichent en temps réel toutes les informations nécessaires : FPS, utilisation CPU/GPU par cœur, etc.
Évaluer la gravité du bottleneck
Voici les seuils d’évaluation basés sur la moyenne du pourcentage d’utilisation du composant le moins sollicité (l’autre étant proche de 100%) :
100 – 90% : Bottleneck très léger au-dessus de 90% d’utilisation moyenne. Aucune inquiétude majeure, mais des optimisations restent possibles.
90 – 70% : Impact sérieux sur les performances entre 90 et 70%. Des solutions correctives deviennent nécessaires pour réduire ce goulot d’étranglement.
Moins de 70% : Situation critique nécessitant des mesures drastiques. Vous perdez une part importante des ressources disponibles.
Autres formes de bottleneck
Bien que nous nous concentrions sur le bottleneck CPU et GPU, d’autres composants peuvent créer des limitations : la mémoire vive et le stockage.
Ces bottlenecks sont plus difficiles à identifier et corriger, souvent résolus uniquement par le remplacement des composants concernés. La méthode du gestionnaire des tâches reste le meilleur moyen de les détecter.
Pour la RAM : vérifiez la quantité installée, le type (DDR3, DDR4, etc.), la fréquence en MHz, le taux d’utilisation en jeu et les autres programmes consommant de la mémoire.
Rappel : 8 Go de DDR3 représente le minimum absolu pour le gaming PC. Privilégiez plutôt 16 Go de DDR4.
Pour le stockage : examinez le type (HDD, SSD, etc.), les vitesses de transfert et le taux de remplissage.
Bien qu’un disque dur traditionnel (HDD) reste fonctionnel, nous recommandons fortement un SSD (minimum SATA III) pour les jeux, particulièrement les titres récents, grâce à leurs vitesses de transfert supérieures.
Solutions pour réduire le bottleneck
Contrairement aux idées reçues, résoudre un bottleneck ne nécessite pas systématiquement le remplacement de l’ordinateur ou des composants. Plusieurs solutions existent, pouvant considérablement réduire voire éliminer le problème selon sa gravité.
Contrôler les températures
La chaleur constitue l’ennemi des composants informatiques. Des températures excessives réduisent non seulement la durée de vie des pièces, mais dégradent également leurs performances. Vos composants limitent peut-être leur puissance pour éviter la surchauffe.
Le gestionnaire des tâches affiche quelques valeurs thermiques, mais de façon limitée.
Privilégiez un logiciel comme HWMonitor, affichant les températures moyennes, minimales et maximales de tous vos composants.
Des températures supérieures à 50-60°C au repos pour le CPU ou GPU, ou atteignant 90-100°C en charge intensive, signalent un problème.
Solutions possibles :
- Nettoyage approfondi avec une bombe à air pour éliminer la poussière
- Remplacement de la pâte thermique CPU/GPU
- Vérification et éventuel remplacement du ventirad
- Contact du service client si les pièces sont sous garantie
- Undervolting pour réduire la consommation et la chaleur
Overclocking du processeur
Si les températures restent acceptables, l’overclocking du CPU peut améliorer les performances.
Attention : les ventirads fournis avec les processeurs ne supportent généralement pas l’overclocking. Investissez dans un ventirad de 20-30 euros minimum selon votre configuration.
Tous les processeurs et cartes mères ne supportent pas l’overclocking. Voici les compatibilités actuelles :
Intel :
- Processeurs : Modèles terminant par K
- Cartes mères : Z490 et Z590
AMD :
- Processeurs : Tous les modèles Ryzen
- Cartes mères : Toutes sauf A320 et A520
L’overclocking nécessite des précautions pour éviter d’endommager vos composants. Utilisez les outils BIOS dédiés ou des logiciels spécialisés, mais documentez-vous préalablement.
Augmentation de la résolution
Cette astuce surprenante fonctionne réellement pour certains cas. Augmenter la résolution d’affichage peut réduire un bottleneck et améliorer l’équilibre des performances.
Cette méthode s’applique uniquement aux bottlenecks CPU, l’objectif étant de solliciter davantage le GPU. Passer de 1080p à 1440p ou 4K (écran compatible requis) oblige la carte graphique à traiter plus de pixels, ralentissant naturellement son rythme de traitement pour s’équilibrer avec le CPU.
Les FPS n’augmenteront pas forcément, mais ne diminueront peut-être pas non plus, tout en bénéficiant d’une meilleure qualité graphique.
Remplacement des composants
Ces solutions peuvent corriger les bottlenecks supérieurs à 70%, mais en deçà, seul le remplacement des composants offre une solution durable.
Pour le CPU et GPU, le Bottleneck Calculator recommande des composants compatibles, privilégiant ceux créant le moins de déséquilibre avec la pièce la plus puissante à conserver.
Pourquoi le bottleneck existe-t-il toujours ?
Nous l’avons évoqué implicitement, mais le bottleneck demeure un phénomène inévitable, quelle que soit votre configuration.
Il s’avère impossible d’obtenir des composants parfaitement cohérents, permettant une utilisation simultanée à 100% de leur potentiel.
Comme pour les muscles du corps humain, l’équilibre parfait n’existe pas.
Le terme « bottleneck » devient problématique à partir de 10%. En dessous, des optimisations restent possibles, mais l’élimination complète demeure impossible. Ce phénomène naturel doit simplement être minimisé autant que possible.